Joseph le Gall naît le 29 décembre 1907 à Ste Sève, petit bourg des environs de Morlaix dans le Finistère. Il n'aime pas l'école, sa mère alors veuve d'un marin trop tôt disparu le met en apprentissage chez un antiquaire à Morlaix, où il apprend à travailler le bois pour réparer des meubles.

En 1929, il réside à Locronan où il commence une carrière de sculpteur qui fera sa notoriété. Installé derrière un établi, au coin de la place, il taille à longueur de journée des bustes de personnages locaux et de célébrités. Ses réalisations sont si ressemblantes qu'Aristide Briand (Président du Conseil, vingt fois ministre et Prix Nobel de la Paix) s'étant vu offrir son propre buste lui commande six autres exemplaires destinés à sa famille.

Doué d'une mémoire visuelle prodigieuse, il est capable de reproduire quantités de bustes sans avoir le modèle sous les yeux.

Sa notoriété dépasse bien vite son village d'adoption et on vient le voir de partout. Les touristes affluent devant son établi sur la place où il réalise aussi en quelques instants des profils de ses clients sur du papier noir emballé ensuite de cellophane. Je m'en souviens parfaitement car j'ai moi-même été croqué par Job lorsque j'étais enfant.

Après la guerre 1939-1945, Job voyage beaucoup et trouve l'inspiration dans tous les lieux qu'il fréquente.

Un incident marquera son séjour à Locronan. En 1970, en effet, sous prétexte que les attroupements de touristes gênent la circulation, Job est sommé de quitter la place. Profondément touché par ce manque de reconnaissance de la municipalité, il réintègre son atelier dans une rue voisine, il se rase les cheveux, se taille la barbe, revêt un costume de bagnard avec le numéro 673 marqué dans le dos et porte un boulet au pied (en réalité un ballon peint en noir). On saura quelques temps plus tard que le numéro n'a pas été choisi au hasard. 672 étant le nombre d'habitants recensés à Locronan, Job avait ressenti être le 673ème, rejeté par ses propres concitoyens.

Job (traduction bretonne de Joseph) est décédé le 14 mai 1981 à Douarnenez, laissant derrière lui une oeuvre grandiose et le souvenir d'un personnage tout aussi fascinant.

Les cartes postales le représentant ont été très nombreuses de 1929 à 1981, tant il était difficile de dissocier Locronan de Job. Celle reproduite ici est la plus ancienne connue, la seule où son véritable nom est mentionné.

envoyé de: Paul Boisseau
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